
Alors, j'ai du mal à parler des livres qui m'ont particulièrement touchés et émus.
Pour le lire, il y a un effort à faire, c'est certain, mais je ne suis pas ici pour lire que du facile et de la détente. J'aime bien avoir la satisfaction de mettre donné du mal. Sauf quand je lis Harry Potter, c'est évident (et bien d'autre, allons, je ne suis pas une sainte, non plus...).
Alors par où commencer ? J'ai essayé de faire une "accroche" au boulot, mais en vain.
Imaginez une gare. Une grande gare. Une grande gare new yorkaise.
Dans cette gare, se croisent des milliers de gens. Et si on parlait un peu de toutes ces vies croisées ? D'ailleurs, Manhattan Transfer, c'est le nom d'une gare new yorkaise, ça tombe bien.
C'est ce que fait Dos Passos, ce géant américain (1896-1970).
Il nous construit un patchwork de vies, qu'on suit, certes avec un peu de difficultés au début (c'est un peu déroutant).
C'est le livre de la grande gare de la Vie.
Réussite sociale d'un côté, pauvreté de l'autre. États d'âmes d'une femme-vedette au début du 20e siècle, et descente aux enfers d'un clodo alcoolique. Bref, le chassé-croisé de la vie. La Vraie.
Quelle imagination ce Dos Passos !! Il créé un monde à lui tout seul. N'y-a-t-il pas du mérite ?
Dans ce grand tourbillon social, le personnage central, celui qui reste, qui demeure et qui évolue devant nos yeux, c'est LA VILLE. Celle de New York.
Le seul élément temporel, le seul personnage qui persiste, tel le pilier du roman ; c'est la ville dans lequel s'ancre l'histoire (ou plutôt les histoires).
Au début, les charrettes tractées par des chevaux, font partie du décor. Au fur et à mesure, elles sont remplacées par le tramway, puis le métro. Ce petit détail récurent, permet à la fois de dater le récit et de donner de la consistance à cette ville/personnage. Il y a aussi un aspect documentaire : New York, tout comme Rome, ne s'est pas construite en un jour ! On assiste, devant nos yeux de lecteur à la naissance de cette métropole. Les building poussent comme des champignons, la guerre au loin se fait cruelle, la prohibition fait des ravages, etc. Ce n'est pas magnifique comme voyage dans le temps ?
En dehors de tout ça, Dos Passos a une écriture cinématographique époustouflante. Je n'ai jamais rien lu de tel ! Quelle claque. Il est capable de nous faire ressentir des choses, de nous montrer des choses rien qu'avec sa plume. Et sans descriptions. Ça serait trop facile ! Comment vous dire ? C'est compliqué.

Exemple : dans une chambre d'hôtel miteux, un couple. A l'extérieur, un néon d'une enseigne publicitaire éclaire la scène à travers la fenêtre. La lumière rouge indispose la fille, qui n'arrive pas à dormir.
Dos Passos, sans utiliser de termes descriptifs, arrive à nous faire avoir la figure rouge par intermittence, à nous lecteur. Si si ! Je n'exagère pas. Enfin, je veux dire, qu'on la ressent cette scène.
C'est un exemple parmi d'autres.
C'est de la grande littérature.
Dommage que Dos Passos est fini à droite... Ça gâche un peu tout. Mais bon. Il reste un sacré écrivain pour moi !
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