jeudi 30 juin 2011

"Arrêtez-moi là" de Iain Levison

Ah Iain Levison ! Un chouchou ♥. Je crois que j'ai lu tous ces livres. (un ici et un autre , entre autre)
Bon, honnêtement, il faut reconnaître que son style au vitriol
se retrouve dans tous ces livres.
On a donc un peu l'impression que c'est toujours le même personnage dans des histoires différentes. (ce qui n'est peut-être pas une bonne chose, en y réfléchissant bien, mais j'ai une terrible affection pour ce qu'il fait)
Cela s'explique par le fait que ces personnages sont toujours ses alter-egos.
J'ai commencé par lire "Tribulations d'un précaire" qui est un récit autobiographique sur sa vie de galère misérable de précaire aux USA. Et l'ensemble de ses romans est toujours lié à ce récit personnel. Toute son œuvre repose sur la dénonciation d'un système aberrant digne de "Brasil "ou Kafka. Une société qu'il ne fait que décrire en appuyant là où ça fait mal.
J'aime son style. J'aime ce qu'il dénonce, ça fait toujours du bien à lire. Ça rassure sur le fait qu'on n'est pas seul à le vivre comme cela. Mais ça plombe aussi car c'est terriblement pessimiste... Et j'aime me faire du mal quand je lis. Me sens vivante comme cela.
Bref, ça remous le couteau dans la plaie sociale et militante de mon être.
Attention, ce n'est pas du Besancenot, loin de là. Non, non. C'est simplement un regard cynique sur nos vies passées à trimer pour faire partie de la course.

Bref, je m'égare. Là n'est pas vraiment le sujet du livre.

Ici, c'est plutôt sur le système judiciaire américain.
Si vous montez dans le Taxi de Jeff Stutton c'est foutu : vous allez être embarqué dans une aventure terrible.
Vos nerfs n'y survivront pas.
Car je ne l'ai pas dit : Levison écrit de manière à vous faire ressentir le touché des sièges en sky, l'inconfort de la position assise pour 10 $ la course, les odeurs de la promiscuité, l'enfermement entre 4 murs, la folie qui guète, la rage de l'injustice.
Bon courage !
Mais ça vaut le coup.
Voici l'accroche :
Jeff Sutton charge une cliente dans son taxi à l’aéroport ce qui devrait lui assurer une bonne
course ! Erreur fatale...
En effet, par une suite d’évènements hasardeux, impossibles à prouver, Stutton va se
retrouver arrêté, menotté, humilié pour un crime qu’il n’a pas commis : accusé d’avoir
kidnappé et tué la fille de cette cliente.
La police et le procureur s’acharnent pour le faire plonger : il faut bien un coupable, n’importe
quel coupable quitte à arranger les preuves et les témoignages…
Face à cette machine judiciaire broyeuse de vie, difficile de prouver son innocence. Cela
devient impossible quand absolument tout le monde, de l’ avocat médiocre commis d’office à
l’opinion publique vous a déjà jugé et condamné.

Le poids de cette injustice honteuse ajouté à l’impuissance et la frustration du personnage
sont palpables dès les premières pages.
Pris au piège dans le filet tendu par l’auteur, le lecteur est condamné à vivre l’expérience de
Sutton.
Un livre kafkaïen à l’écriture cynique et tranchante pour une histoire inspirée de faits réels.
Une belle démonstration sur le concept faussé du "présumé innocent" dans une justice des hommes plus vraiment égalitaire.

0 commentaires: