Le livre a fait polémique. Écrire sur sa propre mère, sur sa famille est-ce de la littérature ?
Il y a quelque chose qui interroge et qui me passionne dans la démarche : l'auteur écrit sur l'enfance de sa mère qu'elle n'a pas connue (et pour cause). Elle a créé un personnage papier à partir du réel, lui donnant une dimension littéraire. Pour autant, l'auteur n'entre jamais totalement dans la fiction romanesque, puisqu'il s'agit de sa mère et non d'un personnage. Vous voyez le dilemme ?
Écrire sur quelque chose d'aussi individuel et personnel a finalement quelque chose de terriblement universel. La famille de de Vigan est un peu, sur certains points, ou sur tous les points, celle de tout le monde. Et toute famille plus ou moins bancale permet aussi de se construire. Malgré tout.
Enfin, écrire sur sa mère de cette façon est certainement le meilleur hommage, aussi déchirant soit-il, qu'un être puisse rendre. Et cette dimension là, je ne l'ai comprise qu'à la toute fin. Quand l'ensemble s'est mis à distance avec le point final. Cet hommage a été pour moi un déclencheur de beaucoup d'émotions. D'émotions qu'aucun livre ne m'a jamais procurées. Jamais.
Rien à voir avec La Route de McCarthy qui m'avait totalement chamboulée. Ou l'Homme qui rit de Hugo. (sur mon baromètre très personnel des larmes versées et des palpitations cardiaques exacerbées)
Celui-ci a touché à quelque chose de si profond que j'y ai laissé des tripes et des larmes. Aucune lecture ne m'a secouée de la sorte. Rien ne me laissait penser qu'un livre puisse d'ailleurs provoquer cela.
Bien sûr, ce tremblement venu des profondeurs de mes entrailles est lié à mon histoire, dont je n'ai pas envie de m'étendre ici. Il est évident que tout le monde ne peut pas ressentir cela. Et je comprends parfaitement que ce livre laisse beaucoup de lecteurs sur le chemin.
Mais après avoir lu, Rien ne s'oppose à la nuit, je comprends davantage encore la force de la littérature et la puissance d'un récit écrit lui aussi avec les tripes.
Enfin, ce livre par son témoignage, est pour moi d'utilité publique !
Merci Delphine de Vigan, ta plume a touché au plus sensible chez moi, comme personne avant. Ta mère peut être fière d'être immortalisée de la sorte.
Grandiose.
Pour en savoir plus, un résumé et le début ici.
Ce livre a été lu entièrement en numérique sur la Bookeen Odyssey du travail. Je compte pourtant me l'acheter en papier pour l'avoir dans ma bibliothèque et qui sait, le montrer un jour à mon fils.